- 17 septembre 2007 -
J'ai dit à Marc qu'on s'était peut-être connu trop tôt. Je lui ai expliqué, même si les mots ne me venaient pas, mes bons mots je veux dire. Ce sentiment est tellement difficile à expliquer. Alors je vais vous dire les choses comme à lui.
On s'est peut-être connu trop tôt. Le grand amour, normalement, ça vient pas du premier coup. Il faut des essais, des brouillons avant. Des coucheries avec des mecs qu'on appelle ensuite salauds, pour pouvoir apprécier ensuite l'homme de sa vie. Nous on est tombés amoureux, à 16 ans, 16 ans vous vous rendez compte. Il m'a dépucelé, et réciproquement. Et tant mieux. Je veux dire, j'ai eu droit à sa patience, sa douceur, son respect, je n'aurais pas voulu d'un autre pour la première fois. Les filles vous savez de quoi je parle, le prince charmant tout ça. Ben moi je l'ai trouvé.
Mais je lui ai dit des choses horribles, je m'en veux, mais j'ai été sincère, je n'arrive pas à lui cacher le moindre sentiment qui m'assaille, c'est horrible pour moi, pour lui. Je lui ai dit que notre histoire c'était un château de carte sans piliers, sans comparaison, et que ça me manquait. Que le mariage, les enfants, la maison, j'en rêvais mais je ne pouvais pas. Un blocage. Je lui ai parlé de ma vie, de mon destin, cette impression de check-list ou je me sentirais dans une impasse tant que je n'aurais pas coché la case *avoir une aventure*. Je lui ai dit que ça ne serait que mon corps, que mon esprit lui appartenait, mais pas mon corps, jamais, lui il est à moi, je serais jamais un objet comme j'ai pu l'être gamine, non, je m'appartiens, et je lui faisais mal en disant que je voudrais d'autres mains sur mon corps, juste pour me débarasser d'un poids, pour me libérer, pour pouvoir enfin être sûre et me jeter à corps perdu dans notre histoire, sans faire deux pas en arrière après un pas en avant, sans regret, sans cette petite voix qui me dit "et si tu en avais connu un autre".
Je lui ai demandé un joker-coucherie, et je trouve cette demande des plus glauques. Inhumaine. Comment le dire autrement ? Pourquoi je n'arrive pas à le tromper comme tout le monde, sans le dire à personne, non il faut que je sois une salope honnête au lieu d'une salope tout court, et c'est encore plus difficile. Je lui ai proposé d'en faire de même, mais il n'accepte pas. Je devrais déjà être heureuse qu'il reste avec moi après avoir entendu de ma bouche tous ces mots bestiaux. Mais en attendant, je fais quoi ? J'en reste au même point, incapable d'avancer avec lui sans voir comment c'est ailleurs. Et impossible d'avancer avec moi pour lui si je vais voir ailleurs. On fait quoi ?
Je reste plantée là, glaciale, seule, même si pas seule, c'est tout comme, les idées se bousculent dans ma tête, je sens le diable me prendre, je me hais. Je me hais.